Ah, sacré Arthur...

Si la beauté de la côte atlantique est non-négligeable, il vient avec ce panorama magnifique les inconvénients : la force que puisent les vents dans ces eaux chaudes.  C'est ainsi que la tempête Arthur, arrivée tout droit des États-Unis, a frappé notre petit coin de pays la fin de semaine dernière.  Nous y sommes habitués, une fois ou 2 par été, on nous annonce des restants de tempêtes américaines qui se présentent sous forme de gros orages sans plus dans notre milieu de province alors que ceux qui habitent le long de la mer sont touchés plus durement.  On se prépare tout de même un kit de survie pour 48h juste au cas parce que ça peut être chiant (noté le jeu de mot!) de ne pas pouvoir flusher la toilette (vive les puits artésiens!).  Parce que chez nous, on ne manque pas que d'électricité mais aussi d'eau!

Tout a commencé dans la nuit de vendredi à samedi.  On nous avait pourtant annoncé l'arrivée d'Arthur mais nous ne nous attendions pas à perdre le courant dès le début de sa visite!  C'est ainsi qu'à 4h20, alors que le ciel était complètement dégagé lorsque nous nous sommes couchés, tout s'est éteint sans crier gare.  À notre réveil, on a compris pourquoi : les jouets s'étaient déjà réfugiés contre les arbres au fond du terrain, le coffre gardant précieusement la nourriture de nos Piou-Piou s'était ouvert tout grand pour accueillir ce torrent de pluie.  Une fois l'extérieur sous contrôle, on a pris notre petit déjeuner froid pour célébrer tout en regarder valser les arbres tout autour de la maison se demandant si l'un d'eux allait se laisser emporter dans la danse. 

Les petites bêtes faisaient la mou devant la vue de notre grosse Bertha qui était presque prête pour une nouvelle aventure, toute attachée derrière notre voiture sachant qu'il allait pleuvoir pour notre départ... qu'on a dû évidemment remettre pour éviter que les vents ne la fasse se terminer dans un fossé.  Qu'est-ce qu'on fait quand on manque d'électricité pendant une journée et qu'il pleut à boire debout? On se met au ménage!  Nous avons vider les garde-robes, fait essayer des chaussures aux petites bêtes, fait le grand ménage de la salle de jeux, passer un linge (sec!) partout, etc.  On s'est fait des sandwichs pour le dîner, s'est fait cuire des œufs de nos Piou-Piou sur le four de notre grosse Bertha à défaut de pouvoir utiliser le barbecue sous cette pluie torrentielle.  Tant qu'à y être, on a fait fonctionner le frigo et on y a stocké les denrées essentielles qui n'allaient pas faire long feu dans celui de la maison qui ne fonctionnait plus depuis une douzaine d'heures.  On a sorti les chandelles (vive les chandelles électriques qui servent merveilleusement bien de veilleuses), les revues et une fois les petites bêtes au lit, on a sorti le jeu de cribble (je sais que ce n'est pas le nom français mais ça perd de son charme)... comme en camping! 

Et puis on s'est réveillé le lendemain matin... toujours dans le noir!  Vingt-huit heures. Merci à nos charmants voisins (oui, oui, ce sont les mêmes!) qui nous ont gentiment permis d'aller remplir nos cruches (les chanceux... ou les prévoyants qui ont une génératrice). Après un ménage sommaire du terrain (rien de trop méchant chez nous, beaucoup de branches, de feuilles, un arbre à sacrifier par sécurité mais tous n'ont pas eu notre chance, les dégâts sont horribles à certains endroits) et des congélateurs pour sauver tout ce qu'on pouvait (merci à la grosse dinde achetée en spécial qui a gardé toute la viande bien congelée!) on a fait preuve de solidarité envers ceux qui n'avaient pas la chance d'avoir un frigo et un congélateur de dépannage (lire ici ma soeur) et nous sommes allés manger le contenu des leurs tout en squattant leur piscine stagnante pour se laver un brin parce que malgré la panne, le soleil et la chaleur étaient déjà de retour comme si rien n'était! 

Un tour de ville pour réaliser que l'espoir revenait tranquillement dans certains quartiers... mais pas chez nous.

Troisième matin de petit déjeuner froid.  Cinquante-deux heures.  C'est notre tour d'utiliser les 2 paquets de bœufs hachés qui avaient commencés à dégeler (trop loin de la dinde) et on invite pour le souper (je vous ai dit que mes parents étaient en visite?). 

15h15, après 60 heures sans électricité, voilà que j'entends ma grande bête lancer un cri de joie alors qu'il allait chercher une bouteille d'eau : il y a de la lumière!  Nous avons pu prendre une douche en bonne et due forme, partir une petite brassée et souper à l'air climatisée.  Si le plus grand a tout de suite pensé à la télévision, fi-fille avait des considérations autres : elle pouvait enfin flusher la toilette après chaque utilisation!

Malheureusement, tous n'ont pas eu notre chance et c'est avec plaisir qu'on a proposé le gîte, la douche, l'air climatisée (tellement appréciée avec les 38 degrés ressentis) et un géant filet de saumon à l'érable le lendemain à autant de gens que la capacité de notre maison à pu le permettre (bon, nous n'étions que 16 mais c'est l'intention qui compte!).

Et aujourd'hui, je suis fière d'habiter mon coin de pays où les gens font preuve d'une solidarité hors du commun se proposant eau fraîche, café chaud, douche, glace (qui devient une denrée rare quand le congélateur se réchauffe) et qui apportent même des sandwichs aux gens qui réparent les fils 24h/24 depuis des jours.  Des gens qui n'hésitent pas à ouvrir toute grande leur porte et leur cœur pour aider les autres.  Des gens qui m'apprennent beaucoup sur la bonté et l'entraide dans toute sa simplicité.