Intergénération

Nous sommes expatriés hors province depuis longtemps.  Même avant, nous avons toujours été loin de nos familles.  On oublie les soupers du dimanche soir chez maman ou le dépannage quand les enfants sont malades et ne peuvent aller à la garderie.  Mais au-delà de ces petites choses sans importance, j'ai toujours été triste que mes enfants ne puissent développer ce lien unique avec mes parents comme j'ai pu le faire avec mes grands-parents maternels qui habitaient juste à côté de chez nous.  Je n'avais pas à demander la permission, je débarquais quand bon me semblait et mes parents savaient où me trouver.  Tout simplement.

Lors de notre dernier déménagement,  nous avions trouvé une belle petite maison modeste, à la campagne, loin de tout le monde.  Nous avons tellement ragé quand on a vu une maison se contruire sur le terrain vacant à 20 pieds de la nôtre 2 ans à peine après notre déménagement!   Si j'avais su à quel point je les aimerais ces deux-là, je me serais gardé une petite gêne.  D'ailleurs, ça été plutôt long avant qu'on mette cette rancoeur de côté et qu'on apprenne à les connaître vraiment.

Malgré l'écart d'âge (ils sont retraités depuis longtemps), ils sont toujours prêts à nous aider et n'ayant pas d'enfant sur qui veiller, ils ont pris à coeur de me fournir de l'acide folique pendant mes grossesses en m'apportant de la bette à carde chaque semaine!  Ils nous offrent également une certaine tranquilité d'esprit.  Parce que c'est tout naturel pour eux d'ouvrir leur cours qui s'étend du côté droit de notre maison jusqu'à l'arrière sans restriction (sauf celles qu'on a instaurées nous-mêmes!) à nos petites bêtes.  Ils en ont grand à explorer si bien que je n'ai jamais eu de crainte de les laisser jouer dehors seuls une fois qu'ils étaient en âge de comprendre les limites.  Eh oui, je suis ce type de maman insouciante qui les laisse affronter les dangers de la cours extérieure seuls!  Nah, je suis ultra mère-poule mais j'essaie de lâcher prise sur certaine chose essayant de me convaincre que ça fait partie de mon rôle de les rendre autonomes et conscients des dangers.

Cet après-midi, journée pédagogique, le plus grand était allé chez un ami.  Les 3 plus petits sont sortis jouer dehors pour profiter du soleil printannier sur les balançoires dans la cours arrière pendant que je finissais un peu de travail en les ayant à l'oeil.  Quand le plus petit est entré, je me suis mise à jaser avec lui qui était assis à côté de moi tout en finissant la traduction que j'avais à faire.  Quelques minutes plus tard, le téléphone a sonné, c'était mon voisin: "Do not worry mom (il est anglophone!), your babies are here, playing cards with us!".  À vrai dire, je n'étais pas inquiète une minute: comme le chien, quand on les perd de vue, on sait qu'ils sont allés se chercher une gâterie chez les voisins!    

Bébé et moi avons enfilé nos bottes pour aller récupérer le duo chez les voisins.  Et là, une image que je n'oublierai probablement jamais: ils étaient tous assis à la table bistro.  Fi-fille dessinait avec son amie qui habite derrière chez nous, mini jouait aux cartes avec la voisine et ils avaient tous la bouche barbouillée de chocolat.  Évidemment que personne n'avait envie de revenir à la maison!  C'est là que j'ai compris que ce lien intergénérationnel n'avait pas besoin de passer par les liens du sang.  J'espère qu'ils se souviendront de ces petits moments passés avec nos voisins quand ils seront plus grands.