Si différent il est...

Avant même d'entamer l'écriture de ce billet, je suis retournée lire celui-ci, écrit il y a 2 ans. Parce que notre petit dernier entrera à la maternelle l'an prochain et qu'aujourd'hui, c'était son évaluation. Je sais bien que mes enfants sont tous différents les uns des autres, mais cet après-midi, ça m'a frappé de plein fouet. J'ai eu une claque en plein visage.

Notre tout-petit, c'est notre petit miracle. Notre arc-en-ciel après la tempête. Il est un doux mélange de ses frères et de sa sœur, de l'homme et de moi. Il a un peu de chacun de nous, mais il est complètement différent. Il est calme et posé, mais il ne se laisse pas marcher sur les pieds. Il aime autant jouer seul avec ses bonhommes et sa pâte à modeler qu'avec ses frères aux Lego. Il aime bouger, sauter, grimper, mais il aime aussi écouter la télé et lire des livres. Il est très autonome, mais il aime qu'on soit tout près et qu'on l'aide.

Notre petit a ceci de particulier qu'il a des problèmes de langage. Il a mis beaucoup de temps avant de se mettre à parler. On se disait qu'avec 2 grands frères et une grande sœur qui parlait pour lui, ce n'était pas étonnant. Il a mis encore plus de temps avant d'enfiler les mots pour faire des phrases qui ne sont pas encore complètes, encore moins précises. Même s'il aura 5 ans dans quelques mois, on doit servir d'interprète pour la majorité des gens avec qui il parle. Il manque parfois des mots dans ses phrases. La syntaxe n'est pas toujours juste. Il ne prononce pas bien plusieurs sons. S'il comprend très bien le concept des couleurs, il n'arrive toujours pas à coller le nom de chacune d'elles à sa catégorie.

Ai-je besoin de dire que son évaluation était à mille lieux de celle de mini? Loin de moi l'idée de comparer mes garçons mais je ne peux pas m'empêcher de comparer le moment de leurs évaluation. Déjà en arrivant, il ne me lâchait pas la main. J'ai dû m’asseoir avec lui, il a utilisé mon doigt pour pointer les images et ça lui a pris un bon 15 minutes avant de se délier la langue pour au moins répondre aux questions. Il a bien réussi certaines parties, comme écrire une partie de son nom, découper sur la ligne, reproduire des formes, identifier des objets, utiliser des adjectifs (petit, grand, vide, etc.) mais n'a pas pu donner d'explications un peu plus détaillés quand on lui a demandé à quoi servaient les yeux et la bouche. Il n'a pas voulu participer aux activités physiques comme sautiller ou se tenir sur un pied. J'ai dû « traduire » plusieurs réponses, quoiqu'elles étaient exactes, à cause de sa prononciation qui entravait le message.

Michelle, l'évaluatrice, a été très patiente avec lui. Elle n'a pas insisté outre mesure sur ce qui lui posait problème pour éviter de le décourager. Elle a tenté de l'amadouer, de l'aider à comprendre les différentes tâches. Chaque fois qu'il ne comprenait pas ce qu'elle attendait de lui ou qu'il ne connaissait pas le réponse, il se tournait vers moi avec un regard triste en me disant qu'il n'était pas capable et j'avais juste envie de le prendre dans mes bras pour lui dire que ça allait être correct, que j'étais là.

Je le cache bien mais j'ai le cœur tellement gros. Je sais qu'il est en santé, qu'il évolue tous les jours, qu'il comprend beaucoup plus que ce qu'il peut produire, que ce n'est peut-être qu'une question de temps ou de maturité, mais je ne veux surtout pas jouer à l'autruche. Je sais très bien qu'il a des défis à relever et qu'il a besoin d'une aide qu'on attend depuis plusieurs mois. De voir son enfant avoir des difficultés, de ne pas pouvoir l'aider autant qu'on le voudrait, ne pas savoir comment sera l'avenir, à quel point il sera affecté au niveau scolaire, c'est difficile pour des parents (sans doute encore plus quand on évolue dans l'enseignement j'imagine).

Mon petit minou d'amour, j'ai le cœur gros, mais en même temps, je ne suis pas inquiète. Tu es un petit garçon curieux, enjoué, passionné, je sais que tu feras ton petit bonhomme de chemin à ton rythme, à ta façon.

** Sachant que les 3 plus vieux fréquentent l'école anglaise, je sais qu'à la lecture de ce billet, plusieurs se demandent si on fera de même pour notre petit dernier. Pour l'instant, il est inscrit à l'école anglaise parce qu'elle est tout près de la maison, qu'on la connaît, on sait ce qu'elle a à offrir et que notre fiston semble avoir la capacité cognitive mais surtout la curiosité d'apprendre une deuxième langue. Rien n'est toutefois coulé dans le béton. On verra la recommandation de l'orthophoniste quand on finira par avoir un rendez-vous. On verra comment il évoluera dans les prochains mois. Il sera toujours temps de le changer d'école si on réalise que le défi est trop grand en cours de route.

Comments

[Sylviane]

Tu écris: "...c'est difficile pour des parents (sans doute encore plus quand on évolue dans l'enseignement j'imagine)". Je réponds qu'il est très chanceux d'avoir des parents qui ne jouent pas à l'autruche et qui évoluent dans l'enseignement. Vous êtes les mieux placés pour identifier ses défis et chercher de l'aide pour qu'il continuer à progresser en misant sur ses points forts tout en l'encourageant à surmonter les obstacles qui font partie de la vie. J'aimerais tellement pouvoir faire une vraie job de marraine ce petit amour si adorable...