Les ailes de l'adolescence

Je ne peux pas croire qu’on y est déjà.  Il me semble que la semaine dernière encore, nous étions un jeune couple amoureux qui se foutaient du reste du monde et qui avait, comme grand projet de vie, de fonder une famille.  C’était hier que mon homme m’annonçait, en jetant un regard ému de l’autre côté du rideau, que nous avions un beau gros garçon (pas qu’il ne souhaitait pas assister à l’accouchement, c’est que j’ai eu une césarienne!).  Tantôt encore, il s'émerveillait devant la simplicité de la vie.

Mon petit garçon a bien grandi.  Il a 12 ans, les deux pieds dans l’âge ingrat de l’adolescence (quoique je l’aime déjà plus que la préadolescence qui a frappé fort chez lui) et voilà qu’il déploie de plus en plus ses ailes, qu’il a de moins en moins besoin de nous et cette nouvelle autonomie me frappe de plein fouet! 

Il y a quelques semaines, il a obtenu son premier emploi.  Oh, rien d’extraordinaire, mais ces quelques jours de cueillette de fraises pour une ferme près de chez nous lui ont permis d’avoir petit salaire et surtout un avant-goût de la vie d’adulte et des responsabilités qu’elle implique. 

Maintenant qu’il est « sans emploi », il a envie de profiter de ses vacances et d’aller visiter son parrain et sa marraine à 850 km de la maison.  Ce n’est pas la première fois : l’an dernier, on l’y avait laissé après notre tournée familiale au Québec et nous l’avions récupéré à mi-chemin une semaine plus tard.  Mais cet été, c’est différent puisque nous n’allons pas au Québec.  Il prendra l’avion tout seul et il reviendra en voiture avec eux une dizaine de jours plus tard.

C’est sans doute le moment où je devrais dire que ça me brise le cœur, que je m’inquiète qu’il voyage seul à son âge, mais pas du tout!  Je suis, au contraire, si excitée pour lui!  Non seulement le voyage sera considérablement moins long et plus intéressant, mais il mettra assurément beaucoup d’expériences et de souvenirs dans son baluchon de vie.  Je le trouve extrêmement privilégié de pouvoir le vivre, en espérant que sa crise d’adolescence prendra une pause pour lui permettre de savourer cette aventure jusqu’au bout (genre que ça serait dommage qu’il boude 9 jours sur 10!).

Avant son arrivée dans notre vie, j’avais lu quelque part que le travail d’un parent n’était pas différent des autres espèces animales : nourrir et élever son enfant de sorte qu’il puisse un jour déployer ses ailes et se débrouiller sans nous. Je regarde mon grand garçon et malgré ses défauts, j’ai l’impression que son premier vol d’essai est un succès et qu’il n’est pas aussi loin qu’on le pense le moment où il quittera le nid définitivement. 

**Je dois dire merci à l’excellent programme d’accompagnement d’Air Canada qui, moyennant un petit surplus, attitra une hôtesse de l’air à notre fiston qui le prendra sous son aile dès la sécurité jusqu’à destination, lorsque sa marraine montrera une pièce d’identité.