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Mes billets doux
31 juillet 2018

Mammographie, biopsie et autres mots en « ie »

Au début mai, j’avais eu envie de vous parler de ma mammographie pour démystifier un peu le processus plus simple et moins désagréable que ce qu’on dit et encourager celles qui hésitent à le faire.  Ça m’avait demandé beaucoup de courage d’afficher une partie de ma poitrine, même couverte, à la vue de tous.  J’avais prévu faire un petit suivi sous forme de petit clin d’œil sur ma page Facebook qui aurait été formulé à peu près comme ça : « Voilà, les résultats sont arrivés, j’ai des seins en santé! »

mammobiopsie

Même si c’était ce qui aurait été le plus probable à 35 ans, que je ne m’attendais à rien d’autre, il semble que ça aurait été trop beau pour être vrai.  Ou alors la vie a voulu me permettre d’amener ma sensibilisation à un autre niveau. 

D’abord, je dois préciser que la gentille et douce technicienne qui avait procédé à ma mammographie m’avait avisée, alors que j’avais les seins nus devant elle : « Compte-tenu de votre âge, les photos ressembleront à des nuages opaques et les spécialistes n’auront pas d’images précédentes avec lesquelles les comparer alors ne vous étonnez pas si vous recevez un appel vous demandant de refaire une mammographie dans quelques semaines. ».

En toute honnêteté, j’avais cru qu’elle me disait ça pour me rassurer, mais je ne croyais pas devoir y retourner.  Deux semaines plus tard, je recevais un appel du département de mammographie de Fredericton pour me donner un rendez-vous au début juin afin de faire quelques photos supplémentaires.  Un peu plus et je me sentais comme une vedette dont on voulait immortaliser les formes généreuses!  Je n’étais pas surprise, mais pas rassurée pour autant. 

Entre temps, j’ai eu un rendez-vous avec mon médecin de famille, tout sourire, nullement surpris par le rapport reçu : « Présence de calcification.  Recommandation : mammographie diagnostique. »  L’inverse aurait été étonnant, selon lui, et le fait qu’on m’ait donné un rendez-vous aussi loin était positif.  J’étais un peu plus confiante, mais pas complètement non plus.

Si j’avais été nerveuse la première fois, l’attente de la deuxième mammographie a été carrément angoissante.  On a eu beau me répéter que ce n’était pas anormal à mon âge, reste que les risques étaient présents. On n’était plus au stade préventif mais diagnostique.  Il a fallu que je me jette corps et âme dans un projet plus important pour oublier (j’y reviendrai plus tard).

Le jour de ma 2e mammographie, je me suis rendue à Fredericton.  J’essayais d’avoir l’air cool et zen en arrivant dans le département, je me suis assise à côté des patients en attente d’une radiographie comme si j’étais là pour acheter un café.  Et puis, on nous a appelées (parce que nous étions 3, moi étant de loin la plus jeune d’au moins 2 générations!) à entrer dans la salle d’attente des mammographies, un endroit calme, avec les lumières tamisées, une petite nappe rose sur la table dans le coin où sont déposés des dépliants, bref, tout pour nous mettre en confiance.  On nous a remis une petite jaquette à cordons qu’on ne savait pas ni une ni l’autre comment nouer, on nous a montré les salles bien alignées à côté desquelles il y avait des petites chaises droites, une pour chacune de nous.  Je l’avoue, de voir que je n’étais pas seule me rassurait un peu.  J’étais arrivé à me dire que c’était juste une formalité, que tout irait bien.

mammobiojaquette

« Madame Fournier » c’était mon tour.  Je suis entrée dans la salle de mammographie, plus petite que la première où j’étais allée.  La machine permettant de prendre les images était également plus petite mais semblait plus sophistiquée.  À côté, une civière et un appareil échographique qui, ma foi, me laissait perplexe.  La technicienne, jeune et calme, a pris le temps de m’expliquer en détail pourquoi j’étais là et comment ça allait se passer.  Le spécialiste avait demandé des photos supplémentaires d’un endroit présentant des calcifications ayant une forme suspicieuse et on voulait s’assurer qu’elles étaient normales.  On allait prendre lesdites photos et j’allais retourner dans la petite salle d’attente avec ma jaquette.  La spécialiste sur place allait jeter un œil avant que je me rhabille pour confirmer qu’elle avait ce dont elle avait besoin ou demander d’autres poses si elle le jugeait nécessaire.  Ça éviterait ainsi de me rappeler dans quelques jours.  C’est bien pensé, je dois dire.

La technicienne a entrepris de mettre les petits pansements roses qui serviraient de marqueurs sur le sein droit et elle a pris des photos d’un endroit bien précis sur le côté droit.  C’est là que je suis devenue inquiète.  Je m’attendais à ce qu’on reprenne les photos de ma poitrine en entier, de tous les bords, pas d’un endroit aussi spécifique.

Je suis retournée m’asseoir avec une volée de papillon dans l’estomac. Après une dizaine de minutes à éviter de répondre aux messages textes de mon homme ne sachant pas trop quoi lui dire, la spécialiste est venue me chercher pour discuter.  Moi qui m’attendais à un : « vous pouvez vous rhabiller, tout est beau! » lancé entre 2 patientes, j’avais la nausée tout d’un coup.  Elle m’a demandé de m’asseoir.  « Je ne veux pas que vous vous inquiétiez, vous avez des calcifications dans votre sein droit, ce qui n’est pas anormal en soi.  Parfois, ces calcifications peuvent être un signe de la présence de cellules précancéreuses.  Celles-ci peuvent rester stables pendant des années, mais si on les retire dès qu’on les voit, on évite justement qu’elle se développe sous forme de cancer et on évite le traitement de chimiothérapie qui s’en suit.  C’est la raison pour laquelle on leur prêtre une attention particulière.  Un autre spécialiste aurait sans doute classé vos images comme étant négatives d’emblée, mais quand je les regarde, j’ai un petit doute qui me fait dire que si c’était les photos de ma propre poitrine, j’aimerais qu’on en ait le cœur net.  Si vous êtes d’accord, j’aimerais qu’on procède à une biopsie. »

Si je suis d’accord?  J’ai l’impression qu’elle vient de me signer mon arrêt de mort.  Je me vois déjà avec un sein en moins. C’est sûr que je suis d’accord.  Moi aussi je veux savoir ce qui en est ciboulette.

Elle m’explique en détail comment se fera la biopsie et m’explique que le tissu retiré sera analysé et confirmera hors de tout qu’il n’y a pas de cellule précancéreuse.  Elle me donne ensuite rendez-vous trois semaines plus tard.  Trois semaines!  Comment je peux attendre trois semaines avec mon traitre de sein accroché à moi?  Je comprends bien qu’il y a des cas plus urgents que le mien et je vais attendre, mais je n’aurai plus d’ongles au moment de revenir, c’est certain!

mammobiofeuille

Je me suis rhabillée machinalement, les yeux dans l'eau.  J'ai jetté un oeil à mon téléphone où un message de mon homme impatient de connaître les détails attendait.  Je l'ai fermé sans pouvoir le rassurer parce que je ne savais pas quoi dire en fait.  J'avais besoin de me changer les idées.  En bonne fi-fille que je suis, je me suis dirigée dans ma boutique préférée et je suis allée magasiner.  J'avais le droit, l'anniversaire de l'homme approchait et je devais acheter son cadeau.  Bon, quand je regarde son cadeau, il est évident que j'ai magasiné pour moi bien plus que pour lui, mais il a compris! 

Heureusement que notre projet ainsi que le travail m’ont tenue occupé dans les jours suivants!  Je suis même allée au boulot le jour de ma biopsie parce que je ne voulais pas regarder les aiguilles de l’horloge tourner.  Mon homme est venu avec moi.  Ou plutôt, il m’a servi de chauffeur puisqu’il devait rester à côté des patients de la radiologie, mais j’avais besoin de lui pour retourner à la maison après n’ayant pas la permission de conduire après l’intervention.

Pour celles qui devront peut-être subir une biopsie du sein, je vous rassure, c’est plutôt mineur comme intervention quoique pas du tout agréable.  D’abord, j’ai rencontré mon interprète.  Je ne l’avais pas demandé mais on a eu la délicatesse de demander à quelqu’un qui parle ma langue maternelle d’être présente sachant qu’aucun spécialiste sur place ce jour-là serait en mesure de traduire.  Je trouvais sa présence bien rassurante parce que même si je comprenais tout, juste le fait de pouvoir jaser en français de tout et de rien sans avoir à chercher mes mots et à penser à la structure de phrase me détendait.

La première étape, après celle de la jaquette, était une nouvelle mammographie (eh oui, j’en aurai eu 3 au total en moins de 2 mois, alors celles qui se plaignent que ça fait mal alors qu’elles en ont une aux 5 ans, elles ne m’impressionnent pas!).  La mammographie allait permettre de déterminer avec précision où aurait lieu la ponction.  Là, c’est le côté moins chic de la chose : on m’a demandé de m’installer sur la civière (celle aperçue à mon dernier rendez-vous et dont je questionnais l’utilité).  J’étais étendue sur mon côté gauche, le bras gauche sous l’oreiller et le droit relevé au-dessus de la tête, devant mon visage.  Cette position permettait d’exposer l’endroit approximatif en attendant de le préciser.  Les 2 techniciennes ont avancé la civière devant le mammogramme  (aucune idée si ce mot existe!) insérant mon sein droit entre les 2 plaquettes froides.  Une grande inspiration, souffle retenue, une première photo.  On replace légèrement le sein et on répète la manœuvre.  Honnêtement, je ne me souviens plus comment elles ont marqué l’endroit exact parce que j’avais un bras dans le visage!  On m’a ordonnée de ne pas bouger, on m’a recouverte d’un drap et on m’a roulée dans la pièce adjacente où se trouvait la machine nécessaire à la biopsie:

mammobiomachine

Le spécialiste a d’abord procédé à l’anesthésie histoire de ne pas me faire souffrir pour rien.  Deux injections, une superficielle suivie d’une plus profonde dans mon sein droit.  En attendant qu’elles fassent effet, il observait tour à tour mon sein et les photos prises pour voir comment il procéderait pour la biopsie.  Il discutait des diverses possibilités avec ses assistantes du jour, on aurait cru entendre les secouristes qui devaient libérer l’équipe de soccer coincée dans la grotte.  Ça dû durer un gros 5 minutes, peut-être 10.  Je rappelle que je suis toujours sur la civière, les 2 bras dans les airs dans une position loin d’être confortable et qui entrave légèrement (pour ne pas dire carrément) la respiration. 

La traductrice m’a alors expliqué leur problème : la zone calcifiée n’était pas profonde et ils n’étaient pas certains de la longueur d’aiguille à utiliser.  Ils ont fini par se décider (l’histoire ne dit pas s’ils ont fait des calculs savants ou juste « ma petite vache à mal aux pattes ») et me rouler vers la machine qui ferait la ponction.  De mon point de vue (c’est-à-dire couchée sur le côté gauche avec les bras dans les airs) elle ressemblait au mammographe puisqu’on m’a comprimé le sein entre 2 plaquettes.  On m’a demandé de retenir mon souffle et de ne pas bouger d’un poil.  On m’a prévenue que j’entendrais le bruit du ressort permettant de faire descendre et monter l’aiguille en une fraction de seconde qui ferait plus de peur que de mal.  Je dois dire que j’ai bien failli pousser un cri de mort quand j’ai entendu le CLAC résonner juste sur mon sein.  Le ressort doit être branché au même compresseur que le fusil à clous de mon homme!  On a refait le même manège 3 ou 4 fois pour avoir suffisamment d’échantillons à analyser. 

On a enfin libéré mon sein de son étau avant de le comprimer à la main pour diminuer les saignements.  Disons que c’est une zone bien vascularisée et que malgré la finesse de l’aiguille, ça surprend à quel point ça peut saigner!  L’assistance pesait à deux mains sur mon sein pendant qu’on m’expliquait les précautions à prendre pour les prochains jours : mettre de la glace toutes les heures pour éviter d’avoir une grande ecchymose, ne pas faire de mouvement avec de l’amplitude ni brusque parce que si je ne sentais rien pour encore quelques heures, le lendemain, je le regretterais.  Je devais surveiller les signes d’infections. 

On m’a roulé dans la pièce adjacente en essayant tant bien que mal d’à la fois me couvrir et continuer de compresser la plaie laisser par la biopsie.  Après avoir mis les bandes de rapprochement, on m’a donné un petit « ice-pak » spécial sein et on m’a aidée à me rhabiller.  J’ai eu droit au traitement de luxe!  Les résultats seraient disponibles 4 à 10 jours plus tard.

Disons que j’ai passé la semaine suivante à traiter mon pauvre sein aux petits oignons.  Il avait eu la vie dure et ne semblait pas l’avoir apprécié même s’il guérissait bien. 

Les jours ont passé, je n’ai pas eu de nouvelle et comme on dit : « pas de nouvelle, bonne nouvelle ».  Je connais suffisamment mon médecin de famille pour savoir que même si j’avais un rendez-vous prévu quelques semaines plus tard, il m’aurait tout de suite appelée pour qu’on se voit si les résultats avaient été positifs. 

J’ai donc essayé d’oublier un peu, de ne pas m’en faire (merci à notre magnifique projet qui s’est complexifié pour me donner un coup de main de ce côté) et c’est la semaine dernière que j’ai vu mon médecin.  Cette fois, j’était bien confiante en m’y rendant et j’avais raison : pas de trace de cellule pré-cancéreuse dans la biopsie.  Le spécialiste recommandait toutefois de refaire une mammographie dans 6 mois.  Au point où j’en suis, une de plus ou une de moins, ma poitrine commence à en avoir l’habitude!

Tout ça pour dire que j’ai eu une grande frousse qui ne sera sans doute pas la dernière.  Une grande peur qui m’a permis de comprendre toute la complexité du diagnostic du cancer, mais surtout toute l’importance de la prévention.  Malgré tout, je n'hésiterais pas une seconde à le refaire parce que non seulement j'ai la certitude que pour le moment, mes seins sont en santé, mais surtout bien suivis pour qu’ils le soient encore longtemps. 

biommamosourire

** Petit clin d’œil tout doux à une amie qui n’a pas eu la même chance et qui se bat présentement contre le cancer du sein avec un positivisme incroyable! Je pense très fort à toi…

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