Aujourd'hui nous nous souvenons

Ce matin, à 11h11 bien précisément, le temps s'est arrêté pendant 2 minutes pour qu'on se souvienne de nos vétérans.  Ceux qui sont tombés au combat, ceux qui en sont revenus pas toujours comme ils étaient partis, ceux qui ont vécu les dommages collatéraux.  En ce 11 novembre, nous célébrons le Jour du Souvenir partout au Canada.  Contrairement au Québec où, malgré que ce soit la devise, on ne prend pas la journée pour se souvenir, ici, du côté atlantique, tout arrête.  C'est une journée fériée en bonne et due forme.  Les épiceries, les commerces, les écoles, tout est sur pause pour permettre à tous d'assister à la cérémonie. 

Habituellement, je l'écoute dans le confort de mon salon pour une question logistique trop longue à expliquer, mais cette année, pour la toute première fois, j'ai pu la vivre sur place avec mon homme et mes enfants.  Chaque fois, le protocole et le respect qui plane me fascine.  Trente minutes avant le début de la cérémonie, les gens sont déjà sur place, debouts, chuchotant doucement entre eux et souriant aux vétérans qui arrivent par dizaines.  Les uniformes bleus, verts et noirs des 3 éléments de l'armée sont visibles ici et là dans la foule.  Derrière, une sécurité accrue cette année compte tenu des derniers évènements: un camion blindé de la police, des policiers tout de noir vêtus et armés qui veillent à la sécurité de façon discrète, du moins autant qu'ils le peuvent.  Et puis on entend les tambours et les cornemuses qui s'amènent.  Voir parader non seulement une centaine de militaires, mais aussi des policiers, des secouristes, des cadets et j'en passe, ça fait toujours son effet.  Ils marchent tous au même rythme, suivent les commandements.  Et c'est là qu'est revenu l'esprit de corps de mon homme qui a fermé les poings le long du corps et a relevé les épaules bien droites. 

Vous me direz que c'est cliché mais c'est vrai: il faut être présent pour comprendre à quel point les gens qui entourent le cénotaphe sont respectueux.  Personne ne parle, chacun reste immobile.  On pourrait entendre une mouche voler à un kilomètre à la ronde.  Jamais on ne croirait qu'il y a 5 ou 7 000 personnes dans un rayon aussi restreint!  Même les enfants, qui ne comprennent pas tout à fait la symbolique de la chose font preuve d'un grand respect.  Les nôtres sont restés sages, patients, chuchotant de temps en temps pour nous poser des questions, s'asseyant parfois quand leurs petites jambes en avaient besoin sans jamais hausser le ton ni demander d'aller jouer. 

Une fois que tout est terminé, les gens n'osent pas se disperser.  Ils quittent discrètement, applaudissant lors du passage des autobus nolisés transportant les vétérans.  Chaque fois, je ressens une vague de fierté quand les plus vieux d'entre eux s'approchent de mon homme pour lui serrer la main et le remercier de servir le pays. 

Le 11 novembre, je me souviens.

Comments

[le vieux bougon]

Il ny avait beaucoup moins de monde dans mon village comme je l'e raconte dans ma chronique. Suis-je rassuré pour autant ? Je ne suis pas certain que beaucoup de gens se sentent réellement concernés par le racolage médiatique fait autour de ces commémorations. Mais j'espère me tromper.